PLANETE CUISINE
Encyclopédie Culinaire et Gastronomique
Tokyo de nos jours, Sentaro, un homme sans passion vend des dorayakis dans une petite boutique de quartier. Son principal public, des jeunes collégiennes qui l'ennuient de leur babillage. Sa vie semble bien monotone jusqu'à ce que se présente une vieille dame du nom de Tokue. Celle-ci cherche du travail, peu importe le salaire et possède une recette de pâte de haricot rouge délicieuse. Sentaro n'est tout d'abord pas tout à fait convaincu, la dame est vieille, mais après avoir goûté la pâte de haricots de la grand-mère, il accepte de l'embaucher. Mettant la pâte industrielle de côté, Tokue lui enseigne comment, en se levant aux aurores, on peut faire de la bonne pâte de haricot. La qualité augmente tellement que la foule se presse aux portes de la petite boutique. Mais Tokue a un terrible secret, qui va entrainer le départ des clients mais permettre aux deux protagonistes de partager les drames de leur vie, histoires touchantes de deux âmes terriblement tristes...
Ce film à l'histoire touchante est avant tout une oeuvre sur un phénomène de société qui toucha le Japon :le traitement des lépreux du XXème siècle. Ces derniers subirent en effet avortement forcés et quarantaine suite à une législation dure et à un rejet de cette maladie fortement ancrée dans la mentalité japonaise, et ce, malgré les progrès de la médecine.
Si le film est indéniablement triste, il est également emprunt d'espoir et de poésie, l'héroïne Tokue ayant appris suite à sa longue solitude à s'émerveiller de tous les éléments de la nature, à apprécier sons et odeurs autant que les spectacles que lui offraient son regard toujours ému.
Au final, le film est un rappel de l'importance de la liberté, tant pour ceux qui ont subi un emprisonnement forcé, que pour ceux qui s'enferment dans leur malheur, persuadés qu'ils n'ont d'autres solutions ou parce qu'ils se sentent tenus par les lourds carcans des conventions sociales. Le film se termine d'ailleurs sur une note d'espoir, Sentaro ayant réussi à redécouvrir la joie de vivre dans la vente des dorayaki, par choix et non plus par obligation.
Si le film se concentre avant tout sur le phénomène de société qu'est le rejet des lépreux et la psychologie des personnages, il offre de jolis scènes de préparation des beignets japonais. La pâte de haricot industrielle est remplacée par une fabrication traditionnelle, nécessitant de longues heures de cuisson et une maîtrise précise des cuissons. On note ici une critique claire de la consommation industrielle, qui ne se soucie pas de la qualité du produit.
D'une manière toute japonaise, on apprend ici à écouter le frémissement des haricots, à les respecter car ils sont venus jusqu'à ses préparateurs, à faire attention à l'odeur qui indique le passage dans la phase de préparation suivante. La réalisation alterne les gros plans sur les haricots frémissants et sur le visage serein de Tokue, tandis qu'elle commente de manière un peu mystérieuse au début les haricots qui lui parlent. Ses propos s'éclairent petit à petit tandis que se révèle l'attention des détails de la vieille femme, qu'elle transmet peu à peu à Sentaro.
Au final, de l'histoire de cette très modeste boutique, on ressort curieux de connaître le goût de cette pâte de haricots et de son petit beignet si populaire auprès des enfants et adultes au Japon.
Kirin Kiki / Masatoshi Nagase / Kyara Uchida
Amande (Admin)
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